FLASH-BACK . (Rp pour Ekaterina )

INTRODUCTION :

Six heures du soir.

Dans les rues de Verona régnait une quiétude agréable aux rayons du soleil couchant qui apportaient leur part d'harmonie à la scène qui représentait l'un des plus beaux décors de la péninsule italienne.
Là, dehors, dans cette grande Piazza , marchait d'une allure rapide, cheveux flottants derrière tel un rideau de soie noir, une jeune femme, à l'imperméable noir refermé soigneusement et aux talons claquetant sur le sol marbré, les lunettes remontées sur le sommet du crâne, pour admirer la splendide vue que lui offrait la ville .

La jeune Madonne se sentait particulièrement chanceuse d'être née dans un si beau pays, malgré ses problèmes économiques devenus trop importants, et du haut de ses vingt-trois ans fêtés le mois dernier, elle avait presque l'impression de fouler un sol sacré qu'était celui de la grande place publique.
Elle se dirigeait de ce même pas confident vers le seul endroit dont elle en reconnaissait chaque recoin, se situant dans une ruelle qui donnait sur la grande gare ferroviaire "veronese".
Le bar de Soni possédait une de ces grandes portes en bois sculpté main provenant du plus précieux acajou, qui renvoyait à ses clients un air d'auberge campagnarde.
Mais lorsque vous poussiez cette porte importante à la légèreté impressionnante, vous vous retrouviez dans un décor quasi-futuriste à la décoration high tech qui, jusqu'à aujourd'hui même, impressionnait encore Kyoko, malgré avoir été une cliente habituelle à chacune de ses visites chez son cousin Sean, ici même à Verona.
Elle s'installa à sa place habituelle, et Soni fils ne tarda pas à montrer le bout de son nez, souriant comme toujours .

"Toujours le même Mojito Gin sans alcool, boss ?"

Cette question arrachait toujours un sourire à la jeune napolitaine, ravie comme à chaque fois de voir que son barman préféré se souvenait encore et toujours de la même commande .
Elle hocha la tête en signe d'approbation, avant de le regarder partir .
Elle en profita pour jeter un léger coup d'oeil à la grande horloge pendue au dessus du bar.
Elle avait vingt minutes de retard, comme à son habitude. Non pas qu'elle était souvent en retard, elle ne le faisait qu'à ses proches . "C'est pour me faire désirer, disait-elle ."
Mais la personne qu'elle attendait était elle aussi en retard, ce qui faisait que Kyoko avait perdu l'impression qu'elle avait voulu créer de base. Elle ne put s'empêcher de rire .

Elle le faisait exprès, Ekaterina, car elle aimait aussi se faire désirer. "

Il était déjà six heures vingt, l'heure de tout espoir.
Les demoiselles étrennaient leurs robe de printemps sous le soleil couchant de Verona, les jeunes hommes se passaient un dernier coup de peigne dans leur chevelure laquée... C'était la période de la journée que je préférais.
Après la rude et effervescente journée de labeur, les employés rentraient chez eux pour profiter d'un canapé douillet et d'une femme attentionnée. Les écoliers s'attelaient à leurs devoirs et moi, je me rendais à un rendez-vous. Bien que j'eusse plus d'une demi heure de retard, je n'accélérais pas ma cadence voluptueuse. Je savais que les gens se retourneraient. Et puis, je savais aussi que la personne avec laquelle j'avais rendez-vous ne serait pas encore arrivée, ou alors, tout juste.
J'avais quitté les rues pavés de la capitales française pour l'Italie. Je m'étais arrachée de force à mon loft si merveilleusement bien placé, à mes vacances tranquilles et aux croissants au beurre. Si j'avais quitté tout cela, ce n'était en aucun cas par plaisir. Seulement, la mafia prenait beaucoup d'envergure et mes services avaient été demandés. Je n'aimais pas tellement la pègre italienne. Trop « snob » à mon goût. Les parrains se prenaient pour les maîtres du monde sous prétexte de leur renommées naissantes. Mais il y en avait un, ou plutôt une, qui était l’exception à la règle. C'était celle-ci même que j'allais voir ce soir.
Je n'avais pas beaucoup d'amis. Des amants oui, mais des personnes du même sexe avec lesquelles je m'entendais bien étaient rare et cette rencontre faisait fleurir un sourire sincère sur mes lèvres teintés de rouge.
Je m'arrêtais un instant dans une ruelle. Dans la vitre d'une voiture vide, je refis ma coiffure, réajusta ma robe et sourit pour moi même. J'étais consciente de mon charme, il était un de mes atouts après tout. Je caressais la devanture de cuir de mon sac à main ou logeait justement une autre de mes armes. On est jamais trop prudent.
Les badauds attablés à la terrasse du café ne me quittaient pas des vieux. J'avais l'habitude mais je ne pu contenir un soupir et jetais un coup d’œil à ma montre.
Six heure et demie. Je m'étais suffisamment fait désirer. Claquant mes talons hauts sur le bitumes, je poussais la large porte en bois et pénétra dans l'intérieur qui me laissa sans voix.
Je clignais des yeux, perplexe. Je venais de passer une immense porte en bois véritable, digne des auberges les plus traditionnelles et je me retrouvais à présent dans une salle plus high-tech encore que son appartement. Je ne pu réprimer un sourire.
« C'est elle tout craché ».
Je balayais la salle et repéra son amie qui, déjà servie de son cocktail, m'attendait à une table à l'écart.
Dans pas décidée et enthousiaste, je la rejoignis et m'assis en face d'elle en ôtant mes lunettes de soleil. Ma cadette releva la tête en me souriant.
« Hey ! Je ne t'ai pas fais attendre ? » Dis-je d'un ton amusé.

« Hey ! Je ne t'ai pas fais attendre ? »

[font=Georgia]La jeune napolitaine sursauta légèrement, étant intensément concentrée sur son verre de Mojito comme pour y scander chaque ingrédient mis, si bien qu'à la vue de son aînée elle éclata d'un rire franc et cristallin, amusée de sa propre réaction.

"Pfeuh, même pas, je viens moi-même tout juste d'arriver."

Cela était mensonge, bien entendu. On ne pouvait que le comprendre à la vue du sourire mutin sur le visage de la jeune femme, qui invita son amie à s'asseoir d'un geste de la main. Puis elle héla le jeune barman pour qu'il vienne prendre commande, tout ceci bien entendu, sur sa note.
Elle attendit que son amie se mette à l'aise avant d'entamer la conversation, son visage appuyé sur la paume de sa main.

"Tu ne m'en veux pas trop de t'avoir obligée à te déplacer depuis Paris ? C'est pas comme si tu étais une femme trèèèees occupée ..."

Elle avait ajouté cela d'un ton ironique, voulant titiller son interlocutrice d'en face, qui pour l'occasion, s'était bien pomponnée . Elle n'en était pas étonnée, elle la reconnaissait d'ailleurs bien par ce trait de caractère, et imagina le nombre d'hommes s'étant retournés sur son passage, la mâchoire pendante.
C'était bien la première fois que Kyoko amenait une connaissance de sexe féminin au bar de Soni, ne sachant jamais comment se comporter avec ses congénères, elle appréciait davantage la compagnie masculine, bien entendu dans un sens innocent .
Soni se dirigea vers leur table, son bloc-note à la main.

Je souris d'un air amusé à la remarque de ma vis à vis. Toutes deux étions des femme débordées et pour des raisons bien différentes.
Ma façon de vivre était loin d'être irréprochable, et je savais que j'attisais la colère de bien des côtés. Je n'avais que 25 ans et j'avais déjà essayé de changer de vie. Quittez ce monde inconstant et laissez derrière moi mes meurtres et ses autres horribles choix. Mais pour le moment, elle ne souhaitait pas y penser, elle était consciente du chemin qu'elle avait emprunté et il n'allait pas changer du jour au lendemain. Elle avait encore des obligations, des histoires à régler des dettes à régler.

Levant la tête vers le barman qui attendait, son calepin en main, je lui adressais un sourire aimable en dictant ma demande.
« Un bloody Mary, s'il-vous-plaît, sans worcestershire ! »

Un cocktail qui me seyait à merveille. Alliant vodka, tabasco et jus de tomate, il était difficile d'en trouver un parfaitement réalisé. Je jouais d'autant plus les hérétiques que je ne voulais pas de cette sauce anglaise dans ma boisson. Trop excentrique pour moi ! Oui, le piquant des épices et la moiteur glaciale de la Vodka avec des glaçons, ça, c'était moi. Attirante et chaude de l'extérieure, mais qui vous ravage une fois en vous.

Passant une main nonchalante dans ma chevelure rousse, j'attrapais l'élastique qui traînait toujours à mon poignet et, le tenant du bout des dents, entrepris de nouer mes cheveux en un chignon faussement élaboré. Une fois ma boisson arrivée à destination, je bus une gorgée en me délectant de ce breuvage sanglant. Je reportais ensuite mon regard sur mon interlocutrice.

« Je suppose que je ne suis pas la pour du boulot, boss, je suis juste la pour admirer tes beaux yeux ? »

De toutes les personnes du « milieu » que j'avais rencontré, Kyoko était la seule que je qualifiais de « Boss ». Elle le méritait et c'était en quelque-sorte la manière de montrer mon respect à ma cadette.
Replongeant mes yeux sur mon verre, je mélangeais la mixture d'un air songeur, attendant la réponse de ma camarade.

La jeune femme leva ses yeux de façon innocente, imitant les jeunes filles en fleur et battant rapidement des cils, comme pour charmer un interlocuteur masculin.

"Ne te méprends pas chère amie, si je t'ai obligée à quitter sa splendide résidence française c'est uniquement pour te permettre de décompresser un peu. Je me doute que voir un visage amical au lieu d'un visage dégageant la mort est plus optimiste non ?"

Elle firent un toast à leurs retrouvailles et commencèrent à papoter de tout et n'importe quoi.
Il faut dire qu'à Kyoko, les conversations ''normales" avec des jeunes femmes de son âge lui manquaient énormément, prise entre deux filets par ses devoirs familiaux et professionnels, elle s'était mise à envier les femmes de sa ville qui vivaient en famille sans souci préconçu .

"Je n'arrive pas à croire que deux femmes aux tempéraments aussi fugaces aient réussi à devenir amies. Pourtant ça a commencé très mal n'est ce pas ? "

Kyoko laissa échapper un rire cristallin en se remémorant sa rencontre avec la ruskov".

Son tyran de mère connaissait réputation de la jeune Ekaterina, et aussi opportuniste et fière qu'elle n'était elle ne pouvait omettre le fait qu'elle ferait un parfait exemple pour sa fille qui, malgré qu'elle excellait dans tant de domaines , apparaissait à ses yeux comme le plus vilain des canetons .

Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu une discussion innocente ? Sa jeunesse s'était envolée très tôt et elle n'avait eu guère l'occasion d'avoir des conversations entre filles.
Lorsqu'elle était sous le service de Barton, elle avait eu une assistante mais leur relation n'avait été que purement professionnelle. Elle avait tenté une ou deux fois fois de créer des liens, discuter de ses craintes d'adolescentes... Mais elle avait appris la vie seule, elle continuerait. Aussi, ses rencontres avec sa cadette, mais aussi unique et meilleure amie, Kyoko, l'enchantait bien plus qu'elle ne le laissait paraître.

"Je n'arrive pas à croire que deux femmes aux tempéraments aussi fugaces aient réussi à devenir amies. Pourtant ça a commencé très mal n'est ce pas ? "

La jeune femme acquiesça en riant. Leur première rencontre avait été explosive ! L'une, fière et prude, l'autre, effrontée et froide. Un mélange peu harmonieux....

On l'avait sommé pour une mission "particulière". Une rencontre pour avoir une pupille ou quelque-chose dans le genre. Ekaterina n'avait pas exactement compris l’énoncé de son poste mais l'appât du gain la fit accepter. Il n'était question que de quelques jours et elle serait nourrie, logée et blanchie, chose rare dans son travail. Elle aurait plus de détail arrivé sur place, l'avait-on prévenue, et une voiture viendrait la chercher pour l'emmener à destination. En temps normal, jamais elle n'aurait accepté, mais elle avait parlé directement à son employeur au téléphone et étrangement, elle avait trouvé la voix de très.... respectable. Elle ne saurait expliquer mais c'était le sentiment qu'elle avait eu en entendant la voix de la madone à l'autre bout du combiné.
Du haut de ses 18 ans, elle faisait déjà bien plus que son âge et avait commencé à se teindre les cheveux. Elle arborait déjà des talons hauts de luxes et un maquillage raffiné. Elle ne savait encore sur qui elle allait tomber, aussi elle opta pour la simplicité. Une robe trop échancré énerverait une femme, elle le savait, mais un col roulé et bien... Il refroidirait un potentiel client masculin. Elle enfila donc une robe noire à col claudine. Elle la rehaussa de talons compensée et opta pour un petit sac en cuir délavé dans lequel elle n'omit pas d'enfourner son arme de prédilection, son Tokarev.
Quand la voiture noire aux vitres teintées vint la chercher, elle monta sans saluer le pilote et durant tout le trajet, essaye de penser à ce qui pouvait bien l'attendre une fois arrivé à destination.
Mais cela, elle le saurait bien assez tôt.....

"Tiens-toi droite !" avait aboyé sa mère, depuis l'autre bout du grand hall, assis sur un sofà en cuir 100% italien.

Kyoko sursauta à l'ordre, pendant qu'elle faisait les 100 pas. Elle redressa son dos et, souffrant intérieurement, se jura qu'une fois cette mission finie elle s'affalerait dans un coin secret de la maison où le grand monstre ne viendrait pas l'importuner.

Sa mère avait insisté pour qu'elle s'habille de façon la plus conventionnelle possible, comme si elles allaient recevoir le président , ou quelqu'un au grade approximatif.
Sa mère lui avait fait le débriefing de la mission "spéciale" qui l'attendait. En effet, la future Madonne allait effectuer une mission au nom de la famille en compagnie d'une espionne à la renommée importante, qui avait suscité un intérêt particulier chez sa mère, ce que la jeune fille enviait presque, qu'une inconnue puisse susciter autant d'émotions au sein de la famille Jack's.
Rosario, lui, préférait comme à son habitude laisser son dragon de femme prendre en main les opérations, et ne pouvait compatir qu'avec son enfant, qui depuis petite en subissait le courroux injuste.

Ainsi, dans un sentiment mélangé d'appréhension et d'impatience, elle avait commencé à faire les 100 pas en attendant l'arrivée de l'invitée en question.
Sa mère, quant à elle, s'impatientait plutôt de l'attitude absolument pas digne d'une lady de sa fille.

"Je t'ai dit de bien te coiffer ! Et qu'est ce que c'est que cette manière maladroite de mettre du rouge à lèvres ? Et pour l'amour du ciel, remonte moi ce pantalon, on dirait une paysanne ! "

Kyoko serrait les poings, subissait, obéissait . Elle n'avait que 16 ans, et la préparation de la rebellion surnommée "colpo di stato" était préparée doucement et sûrement. Mais pour l'instant, elle obéissait, se montrait digne de son rang, et décida defaire un effort vestimentaire afin d'accueillir son hôte .

Elle s'était attachée ses cheveux à la longueur affolante et aux mèches asymétriques en une queue de cheval assez sage, s'étant débattue pour arranger les mèches rebelles sous un tonne de pinces.
Elle avait mit un chemisier sans manches noir, un pantalon noir resserré aux mollets et des escarpins laqués, une tenue classe et sobre.

"J'ai l'impression de passer un entretien d'embauche, bordel." avait-elle pensé en grimaçant, détestant les talons hauts.

"Vire moi cette moue difforme de ce visage ! "

Kyoko pria intérieurement que le chauffeur avait grillé tous les feux rouges, histoire qu'elle vienne au plus tôt. Et comme pour exaucer son voeu, un crissement de pneu se fit entendre dans l'immense allée principale, et une voiture freina face à la grande porte de la résidence.

Kyoko inspira un bon coup, pris un air autoritaire et suivit sa mère, prête à accueillir l'espionne.

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